La donna col cuore viola

In una piccola stanza
dall’altro capo della città
vive una donna che indossa
un cilindro giorno e notte.

Ha mani dorate,
lunghi capelli a cascata,
che tracciano a terra
un cuore viola.

Da questo cuore scorre il vino
nel tramonto, lo colora di rosso,
lo vedi, quando vai a trovarla,
quando la osservi dal buco della serratura.

*

Sciacalli

Ai senzatetto si unisce il vento,
li spinge a proseguire al freddo. Alcuni avanzano
come sui trampoli, altri si trascinano come sciacalli.

La notte dormono fuori,
dove la rugiada si deposita sul loro pelo,
le stelle brillano nei loro cuori.

Si appoggiano a muri neri che dietro di loro
ondeggiano, la loro pelle è piena di simboli,
una mappa incisa dei loro sogni.

Il tempo corre con scarpe pesanti
sulle loro guance. I loro corpi sono magri
mentre viaggiano su zampe gentili.

*

Scacco matto

Con le mie unghie bianche e nere
Gioco a scacchi sul tuo corpo.

I miei cavalli galoppano strepitando verso di te,
corrono verso le tue mura di goffi pedoni. 

I tuoi alfieri assalgono la mia bella regina,
io la proteggo con le mie torri.

Di notte, quando il re dorme,
Sgattaiolo tra le pedine per arrivare fino a lui. 

Sdraio il mio corpo bianconero sotto la sua vestaglia.

*

La sua luce

L’improvviso lacerarsi del suo viso,
quando ride.

Si vede dentro,
tra i frammenti
la sua luce.

*

Montagna, cosa nascondi? 

La montagna sopra la nostra Altalp
È una vecchia donna piegata.
In autunno, la sua gonna si infiamma di rosso, tra
le sue gambe d’abete mormorano i cervi.

In inverno, i suoi capelli sono bianchi per la neve.
Si lamenta in modo misero, la sentiamo urlare
e scricchiola come una bestia selvaggia. Ci nascondiamo
nei nostri letti, ci tappiamo le orecchie.

Tossisce e geme, si contorce profondamente. Valanghe
rotolano sulla sua schiena, nascono bianche
sotto le sue gonne. Poi in primavera,
Quando tutto fiorisce su di lei, dorme profondamente.

Dai suoi sogni selvaggi
sbocciano fiori sui tappeti.
In estate, quando vengono allevate le mucche,
la fanno risvegliare dal sonno.

Sconvolta e stanca, si sveglia. Conta le sue pietre,
i suoi alberi, accarezza con le mani ruvide
sulle vette e sui sentieri,
munge una mucca ogni tanto.

Con le tempeste d’autunno fa regali,
lascia cadere dei sassi,
e cadono e cadono
dall’altra parte della valle, dal suo amante.

*

Ci scambiamo un osso

La tua voce mi ha svegliato,
Sono nuda, ho i vestiti senza bottoni.
Mercanteggiando gentilmente, mi dico:
Tutto ciò di cui abbiamo bisogno siamo noi.

Prendi il coltello,
ci scambiamo un osso.
Asciughi il sangue,
Rimetti le altre ossa al loro posto.

Con le tue dita dure
incolli la cucitura con la resina.
Respiriamo profondamente, allarghiamo le costole,
sulla pelle rimane un po’di cuore indietro.

L’amore lega, l’amore ruba,
Mi addormento con te.
Mi riscaldi la notte con i battiti del tuo cuore,
muto batte il mio sangue contro il vento.

Contiamo le ossa per tutta la notte.
continuamente, bianche e dure,
perché nessuna vada perduta, dimenticata,
in modo che non ci tradiscano.

Ci ammaleremo, è inevitabile.
allora resta su di me, affinché il sogno si avveri.
Cresciamo insieme e il vento fischia
Dall’alto nelle nostre ossa e suonano come flauti.

La femme qui avait le cœur violet 

Dans une petite chambre
à l’autre bout de la ville
vit une femme qui s’habille
d’un haut-de-forme jour et nuit. 

Elle a des mains en or,
de longs cheveux en cascade,
qui tombe jusqu’au sol,
et un cœur violet. 

De ce cœur, coule la lie
quand le soleil s’éteint, qui le fait rougir.
Tu le vois quand tu lui rends visite,
par le trou de la serrure. 

*

Chacals 

Le vent s’invite auprès des vagabonds,
les inonde de froid – qu’ils bondissent
sur des échasses, ou se faufilent en chacals. 

La nuit, ils dorment dehors,
et ont pour seul foyer, contre la rosée
qui pénètre leur pelage, une étoile sur le cœur

Ils longent les murs noirs qui s’élèvent
et chancellent, leur peau est couverte de cernes,
une carte creusée de leurs rêves. 

La marche du temps (avec de lourdes chaussures)
sur leurs joues. Leurs corps sont maigres,
ils continuent sur la pointe des pattes.

*

Échec et mat 

Avec mes ongles blancs et noirs
je joue aux échecs sur ton corps. 

Mes Cavaliers galopent dans ta direction,
Et piétinent avec fracas ton mur de Pions. 

Tes Fous assiègent ma jolie Reine,
Je place mes Tours tout autour d’elle. 

Quand le Roi dort, une fois venue la nuit,
je me faufile entre les pièces jusqu’à lui.

Glissant mon corps noirblanc sous sa robe.

*

Sa lumière

La déchirure soudaine de son visage,
quand elle a ri.

L’intérieur devenu visible,
entre les bris de verre
sa lueur.

*

Montagne, que caches-tu ? 

La plus haute montagne de notre ancêtre alpin
est une vieille femme voûtée.
En automne, sous sa jupe rouge enflammée,
les cerfs brament à travers les jambes de sapin. 

En hiver, ses cheveux se poudrent de neige.
Nous l’entendons qui se lamente, gronde fort
et grince comme une bête sauvage – on se cache alors
sous les draps, on se couvre les oreilles. 

Elle tousse et gémit, se recroqueville. Des avalanches
roulent le long de son dos, sous ses blanches
robes d’où elles naissent en furie. Puis au printemps,
quand tout s’apaise, elle s’endort profondément. 

Elle rêve de pâturages
d’herbe sauvage et de fleurs qui bourgeonnent.
Mais l’été, les vaches qu’on a menées à l’estivage
la tirent de son sommeil. Elle bougonne. 

Elle se réveille fanée, recompte ses pierres,
ses arbres, et caresse d’une rugueuse main
le haut de son sommet et le long de ses chemins.
De temps en temps, elle traie une vache laitière.

À l’automne, elle prépare des cadeaux –
des rochers – qu’elle lâche en tempête,
et qui déferlent en trompette
jusque chez son amant, de l’autre côté du vallon. 

*

Le grelot

Je vais t’offrir un grelot,
Je veux te l’offrir allez. 

Vous riez comme une rivière ou comme
deux enfants cachés sous les draps d’un p’tit lit.
Vous tintez entre les maisons grises,
comme un carillon vers la montagne 

Les gens rient aussi parce que tu joues
au Monsieur, le menton et le nez en l’air,
Mais la clochette te console et
Tu te sens fier,
Comme un âne tout mignon, tout dodu,
qui trotte vers les montagnes tondues. 

J’voudrais bien d’un p’tit bisou,
Me réclamais-tu sans cesse,
Et alors je t’en faisais plein,
Pour t’empêcher de parler.

Ce grelot, tu le portes au cou comme un collier
Il se balance, te donne l’air d’une cloche,
Mais te fait penser à moi, à nous, quand on
Se mordait les oreilles, les lèvres et le reste du corps
On se blessait d’amour et ça te rappelle l’herbe fauchée,
Et la tête qui tourne, en plein hiver dans la grange ;
là-bas il grêlait. 

La clochette faisait résonner tous les soleils,
qui aveuglaient nos pensées,
et toutes ces nuits – où on empêchait
l’orage entre nous de gronder. 

Dans le grelot, qui ricane encore,
nous sommes tous les deux,
nous pouvons nous échapper et greloter ensemble
Et ça on ne peut pas l’oublier.