L’année commençait – c’était la saison des fruits à coques et des méduses, le froid ne s’affirmait pas vraiment – nous arpentions notre couloir – c’était le temps des accouplements subreptices en haute mer, les cachalot s’étreignaient lentement, la tiédeur était rigoureuse – nous couchions dans notre lit – c’était au temps des épidémies de scorbut, les navires se dépeuplaient, les survivants mangeaient du rat, les rats rongeaient le bois des cales, il crachinait puis il bruinait – nous tergiversions avant de changer une ampoule.

° ° °

Nous attendons.
Que le jour se reformule, en d’autres termes, que le soir s’appesantisse, que le bus vienne, d’où qu’il vienne, qu’il parte.
Autant qu’ils sont les jours, les bus, les soirs, qu’ils viennent et partent vers nous.
En attendant, nous attendons.
Et la sœur attend du frère qu’il la terrasse et qu’il la restitue, qu’il l’infeste et qu’il la recompose, exactement.
Le frère attend que la sœur le nomme, une fois pour toutes, sur ce banc, il se remet le doigt dans l’œuf.

° ° °

Nous sourions des muscles, rions des yeux et nous espérons que ni l’un, ni l’autre ne tombe du fil chemin.
Il y a des ronces qui caressent les chevilles, des oiseaux qui bavent en nous survolant et des gouttes qui nous pendent à la pointe du nez.

Ce soir, le frère et la sœur dormiront dans une tente, près d’un chien qui chante à nous éclater les oreilles.

Nous nous savonnerons au lait d’ânesse et la sœur dira au frère : arrête de te planter le couteau dans la main. Elle lui versera du jus de citron sur la main et lui tiendra le pouce, gentiment.

Et, la nuit, sur le frère, il fera chaud comme là, où il fait chaud pour la première fois.

° ° °

Bonjour maintenant.
Il est plus que temps de s’esquinter
les talons contre les talus
sourires en coin, sourires de chiens
On se frotte au rude vide balnéaire

Dis-moi si toi tu te souviens
et de quoi
La sœur qui marche par devers moi
les traces menues de son passage ici
et les essaims dans son sillage

On mange à gorge déployée, comme un seul ogre
On ne s’arrêtera pas de ne pas s’arrêter là
Je crois qu’on rigole bien, je me souviens de tout
On fréquente les zones blanches d’un seul et même grand village côtier
Si on le pouvait, on cambriolerait tout le monde
Mais nos sacs sont trop lourds

° ° °

Le frère travaille du chapeau le long des bruyères, il pisse au vent
Parlons-en, des mamelons rouges et violets de la terre, oui parlons-en
des côtes profilées par les géants d’autrefois,
à moins que…

° ° °

Nous ne sommes pas ce que l’on appelle des traine-savates,
loin de là,
s’ouvre la baie.
Un rien ne nous découragerait pas.

° ° °

Dans la forêt, au dessus de la mer, il y a des trous.
Les trous de vue.
Les trous de souffle.
Les trous de bave bleue.
Les trous de trous.
Nous nous arrêtons pour y jeter nos yeux.

Cominciava l’anno – era la stagione delle noci e delle meduse, il freddo faticava ad affermarsi – noi percorrevamo il nostro corridoio, era il tempo per gli accoppiamenti furtivi in alto mare, i capodogli si stringevano lentamente, il tepore era rigoroso – dormivamo nel nostro letto – era il tempo delle epidemie di scorbuto, le navi si spogliavano di persone, i sopravvissuti si avventavano sui topi, i ratti rosicchiavano le stive, il cielo sputava e poi piovigginava – noi procrastinavamo, prima di cambiare una lampadina.

° ° °

Attendiamo. Che il giorno si riformi, in altre parole, che la sera si allunghi, che il bus arrivi, da qualunque parte stia arrivando, che parta. Nonostante siano i giorni, gli autobus, le serate, ad andare e venire verso di noi. Nall’attesa, attendiamo. E la sorella attende che il fratello la distrugga e la restituisca, che la infesti e la ricomponga, esattamente. Il fratello attende che la sorella lo nomini, una volta per tutte, sulla panca, si infila un dito nell’occhio.

° ° °

Sorridiamo dei nostri muscoli, ridiamo dei nostri occhi nella speranza che nessuno di noi cada dal ciglio della strada. Ci sono rovi che accarezzano le caviglie, ci sono uccelli che sbavano passando sulle nostre teste e alcune gocce ci pendono sulla punta del naso. Stasera, il fratello e la sorella dormiranno in tenda, vicino a un cane che canta per deliziarci le orecchie.

Ci insaponeremo con il latte d’asina e la sorella dirà al fratello: smettila di piantarti il coltello nella mano. Poi gli verserà del succo di limone sulla mano e lui stirerà il pollice, gentilmente. E di notte, sul fratello, farà caldo, come lì dove fece caldo la prima volta.

° ° °

E adesso buongiorno.
Ora più che mai si devono distruggere
i talloni contro il pendio,
sorridere agli angoli, sorridere ai cani,
strofinarsi contro il ruvido vuoto balneare.

Dimmi se ti ricordi
e di cosa
la sorella che mi cammina vicina
le tracce minime del suo passaggio
gli sciami della sua scia.

Mangiamo a gola spalancata, come un orco solo
non smetteremo mai di non fermarci
penso che ci stiamo divertendo, mi ricordo di tutto
frequentiamo le zone bianche di un solo e allo stesso tempo ampio
villaggio costiero
se potessimo, svaligeremmo il mondo
ma i nostri sacchi sono troppo carichi.

° ° °

Il fratello lavoro con un cappello lungo l’erica, piscia al vento.
Parliamone, delle mammelle rosse e viola della terra, sì, parliamone
delle coste cesellate dai giganti di ieri,
a meno che…

° ° °

Noi non siamo quelli che vengono normalmente definiti poveracci,
lontano da lì
si apre la baia.
Niente ci scoraggia.

° ° °

Dentro la foresta
a picco sul mare
ci sono i buchi.
I buchi della vista.
I buchi del respiro.
I buchi di bava blu.
I buchi dei buchi.
Ci fermiamo per gettarci i nostri occhi.