W-I-R From Schildkrötensoldat
Written in German by Melinda Nadj Abonji
In dieser Pfannkuchen-Nacht ist etwas passiert, im flackernden Küchenlicht, ich habe Kugeln geformt aus zweiundzwanzig Kilo Teig, Kugeln im Durchmesser von vier Zentimetern, ich weiß zwar nicht genau, was passiert ist, aber sie haben sich, oh ja, sie haben sich vermehrt, flackern- des Küchenlicht auf siebenhundertsechsundfünfzig genau geformten Pfannkuchen-Teig-Kugeln, und ich schaute zu, wie sie aufgingen, wie die Sonne aufging, rötlich, ich habe immer noch geweint, das Zittern hat … in den Beinen hat es angefangen
es ist nicht mein Zittern, sondern ein Zittern vor Müdigkeit und Schrecken, die ganze Kompanie, sie wartet auf meine Hände, sie wartet auf ihre Hinrichtung, alle gleich, Marsch in die gleiche Richtung … »der Krieg ist nicht sentimental«, schreit der Leutnant, »Ziel der militärischen Ausbildung und Erziehung ist die Fähigkeit zur Auftragserfüllung im Krieg und in anderen Krisensituationen, auch unter Einsatz des Lebens!«
ja, man wird uns einsetzen -E-I-N-S-A-T-Z- schon bald, in ein paar Tagen, kämpfen für die Jugoslawische Volksarmee! und ich sehe sie, die Pfannkuchen-Kugeln, sie sind doppelt so groß
-G-E-S-C-H-O-S-S-E-
und der Leutnant Raubvogel schwingt sich auf, kreist über meinem Kopf in meinem Kopf
Fett in allen vorhandenen Bratpfannen erhitzen! 160°, die ideale Temperatur!
Pfannkuchen auf die Bratpfannen verteilen! sechs pro Pfanne!
wenden, wenn sie goldbraun sind!
die ganze Kompanie vor mir, einer wie der andere, Viktor, Lőrinc, Ferenc, Imre, Gyuri, Miloš, József, Nándor, Danilo, mein Jenő! die Namen verschwimmen, verschwinden … siebenhundertsechsundfünfzig … Kugeln, gleich groß, gleich schwer, alle gleich … und voneinander getrennt
-W-I-R-
ich schaffe es nicht, Kertész Zoltán, das Zittern in den Beinen, kein Unterschlupf im Wort Armee, Jenő hat recht, nur meine zitternden Beine, mein Schläfenflattern, die Angst unter der Hose, seit Tagen hören die Tage nicht mehr auf, »der Kommandant kann einzelne Angehörige der Einheit zu zusätzlicher, dienstlich notwendiger Arbeit außerhalb der allgemeinen Arbeitszeit befehlen«, Sonderschicht!, so der Schnabel-Befehl des Leutnants, kein Unterschlupf im Wort Sonderschicht
man wird mich einlochen, »Auftrag nicht ausgeführt!«, die Pfannen, Deckel, Schwingbesen, Kellen, Messer im Morgenlicht, das flackernde Küchenlicht, ich will es abstellen, ich muss! und ich zittere am Lichtschalter vorbei, mein stummer Geist, er ist – ich stütze mich mit der einen Hand an der Wand ab, um mit der anderen den Schalter zu treffen, ja oder nein, schaffst du es, ja oder nein, schaffst du es oder –
»die Ruhezeit dient der Erholung, sie kann befohlen werden«
die Sätze des Leutnants, sie feuern in meinem Kopf, hinter meiner Stirn, sie schießen aus meinen Fingern, wenn ich den Lichtschalter erwische, verschwinden sie, aber ja, ganz bestimmt höre ich Jenő, er nimmt meine Hand, führt meine Finger, stell dich ab, Zoli, du musst, sonst haben sie dich!
die himmlischen Heerscharen fallen mir ein, himmlische Meerscharen, habe ich als Junge gelesen, die vereinten Weltmeere im Himmel, oh ja, die fahrenden Inseln, auf denen Gott wandelt, die rötlichen Finger seiner Morgensonne in der Kasernenküche, und die Küchentür, sie steht offen steht sie, und Gott muss doch ein Erbarmen mit mir …
gütiger Gott, Sie sind doch die Lichtgestalt und die Wärme und die Gnade und das Erbarmen, aber warum werden wir alle – wird jeder in die Unbarmherzigkeit hineingestoßen? ist Ihr Licht, ist es nicht stark genug? warum holt mich hier kein einziges Menschenleben raus? meine Mutter, mein Vater, warum sollten sie es tun, sie tun ja nur, was alle ande- ren auch tun …
der Lichtschalter hat endlich stillgehalten, das Flackern hat aufgehört, und ich habe meinen Rücken gegen die Wand gelehnt, und Jenő, ja, er ist neben mir gestanden, hat meine zitternden Hände gegen meine Brust gepresst, die Kugeln, sie leuchten, sie wollen, sie wollen abgefeuert werden, und ich habe sie gemacht! sage ich zu Jenő, ich habe gehorcht! und Jenő drückt meine Hände, sagt so leise und bestimmt, jeder andere hätte es auch getan, komm schon, lass uns weitermachen, wir haben noch einiges vor, mein Freund
Jenő hat mir geholfen, ja, er hat mir geholfen, die Kugeln zu frittieren, aber weißt du nicht, du weißt doch, was dich erwartet, wenn der Raubvogel dich hier erwischt?
und du, weißt du nicht, dass die Angehörigen der Armee verpflichtet sind, kameradschaftlich zusammenzuarbeiten? den Kameradschafts-Paragraphen wird der Raubvogel doch respektieren, oder? und Jenő hat gelacht, oh ja, er hat gelacht und auf die Teig-Kugeln gezeigt, eine etwas gespenstische Versammlung haben wir da vor uns, nicht?
Published June 15, 2020
Excerpted from Melinda Nadj Abonji, Schildkrötensoldat, Suhrkamp Verlag, Berlin 2017
© Suhrkamp Verlag, Berlin 2017
Au cours de cette nuit des beignets, un événement s’est produit, à la lumière vacillante de la cuisine, j’ai façonné des boules de pâte, vingt-deux kilos de pâte, des boules de quatre centimètres de diamètre, je ne sais pas ce qui s’est vraiment passé, mais elles se sont, assurément, elles se sont multipliées, lumière vacillante de la cuisine répandue sur sept-cent-cinquante-six boules de pâte à beignets de forme parfaite, et je les ai regardées lever, au soleil levant, rougeoyant, moi toujours pleurant, les tremblements… ça m’a pris dans les jambes
ce n’est pas moi qui tremble, c’est un tremblement de fatigue et de peur, la compagnie toute entière, elle attend mes mains, elle attend leur exécution, tous ensemble, en marche, une seule direction… « la guerre ne fait pas de sentiment » hurle le sous-lieut, « la formation et l’éducation militaires visent à développer la capacité d’accomplir une mission en temps de guerre et dans d’autres situations de crise, même au péril de sa propre vie ! »
oui, on va nous amener à la risquer, notre vie, très bientôt, R-I-S-Q-U-E-R, dans quelques jours, nous allons combattre au nom de l’Armée populaire yougoslave ! et je les vois, les boules-beignets, elles ont doublé de volume
-M-U-N-I-T-I-O-N-S-
et le sous-lieut rapace prend son envol, tourne autour de ma tête dans ma tête
faire chauffer la graisse dans toutes les poêles disponibles !
160°, température idéale !
répartir les beignets dans les poêles !
six par poêle !
les retourner quand ils sont bien dorés !
devant moi toute la compagnie, chacun semblable à l’autre, Viktor, Lórinc, Ferenc, Imre, Gyuri, Miloš, József, Nándor, Danilo, mon Jenő ! Les noms s’évanouissent, s’éloignent… sept-cent-cinquante-six … boules, même taille, même poids, toutes semblables… et séparées les unes des autres
– N-O-U-S-
moi, Kertész Zoltán, je ne vais pas y arriver, tremblement dans les jambes, pas de planque dans le mot armée. Jenő a raison, seules mes jambes qui tremblent, mes tempes qui palpitent, la peur dans la culotte, depuis des jours et des jours les jours ne cessent plus, « le commandant peut donner l’ordre à certains membres de l’unité d’effectuer des tâches supplémentaires et nécessaires au service en dehors des horaires officiels de service », heures supplémentaires ! ordre lancé d’un coup de bec par le sous-lieut, pas de planque dans ce terme
on va me mettre au trou, « mission non remplie ! », les poêles, couvercles, fouets, louches, couteaux dans le petit jour, la lumière vacillante de la cuisine, je veux l’éteindre, je dois l’éteindre ! et je tremble en dépassant l’interrupteur, mon esprit muet, il est – je m’appuie d’une main contre le mur, pour atteindre l’interrupteur de l’autre, oui ou non, tu y arrives, oui ou non, tu y arrives ou –
« la pause est destinée au repos, elle peut être décrétée »
les phrases du sous-lieut, elles tirent dans ma tête, derrière mon front, elles font feu par mes doigts, au moment où je finis par atteindre l’interrupteur elles disparaissent, mais oui, j’entends Jenő, absolument, il prend ma main, guide mes doigts, magne-toi, Zoli, sinon ils te tiennent !
l’armée céleste me revient, la mer céleste, c’est ce que je lisais quand j’étais gamin, les mers terrestres unies au ciel, oh oui, les îles qui dérivent sur lesquelles Dieu déambule, les doigts de rose de son soleil d’aurore dans la cuisine de la caserne, et la porte de la cuisine, elle est ouverte est, et Dieu devra tout de même pour moi miséricorde…
Dieu de bonté, vous êtes rayon lumineux et chaleur et grâce et miséricorde mais pourquoi sommes-nous tous – sommes-nous chacun précipités dans l’inexorable ? votre lumière, n’est-elle donc pas assez forte ? pourquoi nulle existence humaine ne me sort-elle d’ici ? ma mère, mon père, pourquoi devraient-ils le faire, ils ne font que ce que font aussi tous les autres…
l’interrupteur s’est enfin calmé, le vacillement a cessé, j’ai appuyé mon dos contre le mur, et Jenő, il se tenait debout à côté de moi, il a pressé mes mains tremblantes contre ma poitrine, les boules, elles resplendissent, elles veulent, oui elles veulent être tirées comme des munitions, c’est moi qui les ai faites ! je le dis à Jenő, j’ai obéi ! et Jenő me serre les mains, dit à voix si basse et avec tant d’assurance que tout un chacun aurait agi de même, allez, viens, on continue, nous avons encore à faire, mon ami
Jenő m’a aidé, il m’a aidé à faire frire les boules, mais tu ne sais donc pas, tu le sais pourtant ce qui t’attend si le rapace te pince ici ?
et toi, tu ne sais donc pas que les membres de l’armée ont l’obligation de faire preuve de camaraderie dans leur travail ? le rapace, ce paragraphe sur la camaraderie, il le respectera, non ? et Jenő a ri, oh oui, il a ri en montrant les boules de pâte, voilà une assemblée un peu fantômatique, non ?
Published June 15, 2020
Extrait de Melinda Nadj Abonij, « Schildkrötensoldat », à paraître en traduction française aux Éditions Anne-Marie Métailié
© Anne-Marie Métailié 2020
N-O-I From Soldato Tartaruga
Written in German by Melinda Nadj Abonji
Translated into Italian by Roberta Gado
Nella notte dei bomboloni alla luce tremolante della cucina è successa una cosa, dai ventidue chili di impasto ho ricavato tante palline, palle del diametro di quattro centimetri, non so esattamente che cosa sia successo, ma si sono, oh sì, sono cresciute, tremolio della luce della cucina su settecentocinquantasei palle di pasta da bomboloni perfettamente tonde, e io che le guardavo gonfiarsi, guardavo gonfiarsi il sole all’alba, rossastro, continuavo a piangere, il tremore è… è cominciato nelle gambe
non è il mio tremore solito, è un tremore di stanchezza e paura, tutta la compagnia aspetta le mie mani, aspetta la mia esecuzione, tutti uguali, avanti marsc’ nello stesso verso… la guerra non è roba per sentimentali, sbraita il tenente, obiettivo dell’addestramento e della formazione militare è la capacità di eseguire gli ordini in guerra e in altre situazioni di crisi, anche a rischio della vita!
sì, anche a rischio della nostra R-I-S-C-H-I-O tra qualche giorno combatteremo per l’Armata popolare jugoslava! e io le vedo, le palle dei bomboloni, sono raddoppiate
P-R-O-I-E-T-T-I-L-I
e il tenente Rapace spicca il volo, gira sopra la mia testa dentro la mia testa
scaldare lo strutto in tutte le padelle disponibili!
160 gradi, la temperatura ideale!
distribuire i bomboloni nelle padelle!
sei per padella!
quando sono dorati da un lato, girarli!
ho tutta la compagnia davanti, uno uguale all’altro, Viktor, Lőrinc, Ferenc, Imre, Gyuri, Miloš, József, Nándor, Danilo, il mio Jenő! i nomi si sfocano, spariscono… settecentocinquantasei… palle, stessa grandezza, stesso peso, tutte uguali… e ciascuna per sé
N-O-I
non ce la faccio, Kertész Zoltán, il tremore nelle gambe, non c’è rifugio nella parola “esercito”, ha ragione Jenő, solo le gambe tremanti, il palpito alle tempie, la paura nei pantaloni, sono giorni che i giorni non finiscono più, “il comandante può ordinare a singoli membri dell’unità lavoro supplementare necessario ai fini del servizio al di fuori degli orari regolamentari!”, turno straordinario! questo l’ordine uscito dal becco del tenente, non c’è rifugio nell’espressione “turno straordinario”
mi metteranno dentro, “ordine non eseguito!” padelle, coperchi, frustini, mestoli, coltelli alla luce dell’alba, la luce tremolante della cucina, voglio spegnerla, devo! e manco l’interruttore da quanto tremo, il mio demone muto è – mi appoggio con una mano al muro per centrare con l’altra l’interruttore, sì o no, ce la fai, sì o no, ce la fai, oppure – “il riposo serve per rilassarsi e può venire ordinato”
le frasi del tenente mi scoppiano in testa, dietro la fronte, le sparano fuori le dita quando becco l’interruttore, spariscono, ma sì, certo che sento Jenő, mi prende la mano,
mi guida le dita, spegniti Zoli, devi spegnerti altrimenti ti fanno a pezzi!
mi vengono in mente le armate celesti, le marate celesti, leggevo da bambino, tutti i mari del mondo ammarati in cielo, oh sì, le isole volanti su cui gira Dio, le dita rossastre del suo sole all’alba nella cucina della caserma, e la porta della cucina, sta aperta sta, e Dio dovrà bene avere pietà di me…
Dio misericordioso, Voi non eravate la Luce e il Calore e la Grazia e la Pietà? ma allora perché ciascuno finisce impietosamente schiacciato? che la Vostra Luce non sia forte abbastanza? perché non c’è un’anima, una sola, che mi tiri fuori di qui? mia madre, mio padre, perché dovrebbero farlo, anche loro fanno soltanto quello che fanno tutti…
l’interruttore finalmente s’è chetato, il tremolio è cessato, ho appoggiato la schiena al muro, e Jenő, sì, mi è stato vicino, mi ha premuto sul petto le mie mani tremanti, guarda come sono luminose le palle, vogliono, vogliono essere sparate, e le ho fatte io!, dico a Jenő, ho obbedito!, e Jenő mi stringe le mani, lo avrebbe fatto anche chiunque altro, mi sussurra deciso, vieni, andiamo avanti, ce n’è ancora da fare, amico mio
Jenő mi ha aiutato, sì, mi ha aiutato a friggere le palle, ma non lo sai? sì che lo sai cosa ti aspetta se il Rapace ti becca qui
e tu, non lo sai che i membri dell’esercito sono tenuti ad aiutarsi solidalmente? gli articoli sul cameratismo li rispetterà anche il Rapace, no? ed è scoppiato a ridere, Jenő, oh sì, ha riso indicando le palle di pasta, un’adunata un po’ spettrale, non trovi?
Published June 15, 2020
Excerpted from Melinda Nadj Abonij, Soldato Tartaruga, in uscita presso Keller Editore
© Keller Editore 2020
Di Melinda Nadj Abonij è disponibile in italiano Come l’aria, trad. Roberta Gado, Voland 2012
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