Voyons ce que disent les mots.

– Décris un oiseau en vol. Je me suis surprise moi-même avec un devoir qui m’était inattendu. L’oiseau dans le ciel m’a aussi beaucoup appris, je me demande si cela est possible aussi pour mes élèves. Pendant ces années, quand j’écoutais les grenades, la petite fille de cinq ans que j’étais dans une cave poussiéreuse et sombre s’est imaginé comment dans le ciel bleu du dehors les oiseaux en vol émettaient ces bruits forts. A l’époque, je n’avais même pas pensé aux atrocités qui tombaient de là-haut. 

–Maman, maman, tu entends ? Ils volent tellement vite, ils n’y arrivent pas sans bruit, ils s’appellent entre eux, se préparent à décoller. Est-ce que je peux aller avec eux ? S’il te plaît maman.

–Zorja, tu voleras avec eux, vers le haut, si haut que la lumière du soleil t’aveuglera. Tu te rapprocheras du soleil et la chaleur que tu ressentiras ne te dérangera pas. Tu y arriveras, ma Zorja, un jour tu y arriveras. Sois juste patiente maintenant.

Je n’avais pas peur, dehors mes accompagnatrices m’attendaient. Je m’en rappelle si bien. J’étais petite, mais prête à voler. Je ne voulais plus être sous terre, je rêvais d’un nid haut dans la cime des arbres. Maintenant, je sais que tout ça était mon refuge. Et je suis contente qu’il en était ainsi. Une fois, le cri de ma mère a couvert les mélodies d’oiseaux qui nous accompagnaient. Le cri résonna comme s’il venait d’une fosse encore plus profonde que celle dans laquelle nous nous trouvions. Ma ville d’origine fut détruite. Elle sombra avec mon père. Après cela, je n’ai plus revu ma ville pendant des années, et mon père plus jamais.

Dans ma nouvelle patrie, d’autres oiseaux m’ont accueillie. Ils étaient silencieux. Ce fut le coup de foudre. 

–Zorja, vole maintenant, déploie tes ailes et vole, dit ma mère, et son regard ensuite s’abaissa, comme si elle ne se réjouissait pas du tout de mon vol. 

Mes élèves sont assez jeunes pour être inquiétés par un tel devoir, mais aussi suffisamment adultes pour le maîtriser brillamment. Je suis consciente que les enfants de 10 ans d’aujourd’hui préfèrent avant tout les phrases courtes et simples en évitant adjectifs et décorations. Moi, une grande admiratrice du quatuor alexandrin, je ne peux pas laisser faire ça. Ils le savent, et c’est pourquoi ils savent aussi qu’ils vont beaucoup me surprendre avec ce devoir sur les oiseaux volants. Mes pensées sont interrompues par le bruit de l’école. Personne n’avait d’autres questions, et ainsi s’est terminée cette journée d’école. Je restai seule dans la salle de classe et pendant un moment il me sembla pouvoir à nouveau entendre le tonnerre des coups de feu au-dessus du ciel de ma ville. Ah, qu’il est merveilleux d’être un enfant. Mon enfance tomba dans les meilleurs temps. Au lieu des sentiments d’inquiétude et de peur, j’ai ressenti de l’excitation pendant que je m’imaginais mes oiseaux en une danse céleste. Je n’ai jamais remercié ma mère pour avoir permis mes rêves éveillés. Je vais l’appeler aujourd’hui.

–Zorja, ma Zorja, toujours pleine de rêveries et de nostalgie. Je dois te remercier d’avoir été si courageuse. Chaque fois que je te regardais dans cette maudite maison, tu me donnais la force de survivre. Oh, Zorja, je conserve toujours tous tes dessins d’oiseaux. Je me souviens encore du premier jour au jardin d’enfants. Tu ne savais pas un mot d’allemand mais tu as quand même dit “Mama Vogel » en montrant le ciel avec tes doigts. « Vogel fliegt. Zorja fliegt .» Mon cœur s’est brisé et a guéri en même temps. Je savais qu’en cet instant précis tu partais pour ton premier vol. Plus tard, la maîtresse m’a raconté que ce jour-là tu n’as fait que peindre des oiseaux et le ciel, toujours d’un bleu éclatant. Les autres enfants ont remarqué ta concentration, sont venus doucement vers toi et ont répété le mot Vogel. Tu t’es adaptée, sans même le remarquer, dit ma mère et nous avons mis fin à la discussion.

Je me suis endormie en pleurant.

Un matin d’octobre froid et sombre ne pouvait pas effrayer mes élèves. Ils étaient tous ponctuels, le regard rempli de curiosité. J’aime l’automne, les matins d’automne et les premières pensées des enfants le matin. Ils disent qu’ils ont tous bien dormi, aujourd’hui c’est vendredi, et le vendredi, ils sont toujours tous de bonne humeur. Nous commençons tout de suite avec le devoir.

–Les oiseaux sont les seuls vertébrés qui peuvent voler.

–Pour voler, les oiseaux créent une impulsion en bougeant leurs ailes et en faisant circuler l’air au-dessus de leurs ailes. 

–Si j’étais un oiseau, je serais le faucon pèlerin. Ils volent à une vitesse de jusqu’à 300 km/h. Dommage que je ne sois pas un oiseau.

Très bien, j’ai appris quelque chose. Je ne peux pas dire que le devoir soit terminé.

–Isabelle, qu’est-ce que tu as à dire sur les oiseaux volants ?

Isabelle se tait. Elle se lève et enfile ses chaussons de danse. Cette petite fille est en vérité exceptionnelle. Je me suis habituée à son calme. Depuis le premier jour, elle emploie les mots avec économie, même pendant l’heure de français, bien que ce soit sa langue maternelle. C’est une ballerine. Elle se leva sur les pointes pendant que ses mains planaient au-dessus de sa tête. Son corps se pencha en avant. Comme une plume dans le vent, elle commença lentement à écarter ses bras puis à s’abaisser à nouveau tout en sautant dans différentes directions. De plus en plus vite, elle courut à travers la classe et puis tout à coup elle étendit ses bras et un sourire apparut sur son visage. Elle a volé ! Elle leva la tête puis s’agenouilla et tendit les bras vers le plafond de la salle de classe. Isabelle a atterri de nouveau. 

Le calme absolu fut interrompu par un bruyant applaudissement.

–Bravo Isabelle ! Bravo !

-Bravo, Isabelle, dis-je aussi, et elle retourna à sa place sans dire un mot mais avec le même sourire de l’ascension.

–Yuki, comment est ton oiseau ? J’interrogeai le garçon au dernier banc. C’est un de ces garçons qui n’utilisent pas les mots à l’excès mais ne les épargnent pas non plus. Il dit exactement ce qui est nécessaire. Et cela parfaitement juste grammaticalement bien qu’il vienne de l’autre côté du monde. Yuki sortit un sac. Du sac, il sortit exactement seize rouleaux de papier. C’était la première fois qu’il apportait des origamis. Tous les rouleaux étaient de tailles et de formes différentes. Et tous étaient des oiseaux. Grands, petits, d’une seule couleur, colorés, tachés et très pâles. Certains avaient les ailes pliées vers le haut, d’autres vers le bas. Tous avaient des ficelles par lesquelles il les tenait, donnant ainsi l’illusion du vol. 

–Chacun en reçoit un, dit-il en s’éloignant d’un pas de la table.

Avec un signe, j’autorise le reste de la classe à se lever et à aller chercher leur oiseau de papier. Tous les oiseaux disparurent. C’était comme s’ils s’étaient mis d’accord, comme si chacun devait en recevoir un. Je regarde Yuki et ris pendant que mes élèves courent à travers la salle de classe et que le désordre multicolore des oiseaux en papier crée un tourbillon céleste.

Afin d’éviter des situations désagréables et les critiques de la part d’autres professeurs, j’avise les élèves qu’il est temps de retourner s’asseoir à leur place. Il restait encore deux oiseaux. Sans que je dise quelque chose, Amir se lève, se place devant le tableau à côté de moi, garde ses mains sur les côtés et regarde droit devant. Il règne un calme impressionnant qu’il interrompt par un chant :

– Dan je započeo i svjetlo je zasjalo,

ptica je čula odgovor.

Dobro jutro, moja dušo,

Ljubav je doživjela svoj trenutak, srce uz srce.

Et ensuite en allemand :

–Le jour s’est levé et la lumière est apparue,

l’oiseau a entendu une réponse.

Bonjour, mon âme,

l’amour a son moment, cœur contre cœur.

-J’aimerais, si possible, ne répondre à aucune question sur cette chanson. Je dirai seulement que ma grand-mère l’a chantée. Mon oiseau vole vers elle pour lui souhaiter bonjour, dit Amir avant de retourner à sa place.

Naturellement, je respecte son vœu. Ça m’a de toute façon rendue heureuse qu’il partage une partie de sa patrie avec nous. 

Zlata est assise dans les premiers rangs. Elle vient à peine d’arriver et commence à apprendre l’allemand. Nous nous occupons d’elle, sommes tous très prudents et nous donnons de la peine pour qu’elle se sente bienvenue. 

–Zlata, à quoi ressemble ton oiseau en vol ? Tu aimerais nous le raconter ?

-Rien.

-Qu’est-ce que tu veux dire par rien ?

-Mon oiseau est en cage, il ne vole pas.

-As-tu essayé d’ouvrir la cage ? Peut-être qu’il volera.

-J’ai essayé. Il ne volera pas.

Elle me laissa sans voix. L’oiseau doré ne vole pas. J’entends de nouveau les grenades. Je ne vois plus mon moi de cinq ans. Je vois une cage ouverte avec un oiseau qui ne sort pas. Il ne veut pas aller dans cet arc céleste des grenades. Je transpire. Je ne sais pas ce que je devrais dire. Je ne m’attendais pas à ça. Mes oiseaux ont toujours volé. Même après le cri de ma mère, ils se sont élevés. Mais maintenant Zlata, avec ses merveilleux yeux noirs, me regarde sans cligner des yeux et s’attend à ce que je referme la cage de son oiseau. Non, je ne peux pas faire ça. Mais que devrais-je dire ? Est-ce que j’ai fait une erreur avec ce devoir ? J’aurais dû m’en douter !

Je ne sais pas s’il a remarqué ma nervosité, mais Yuki me sauva ! Il se leva et posa son origami à côté de celui de Zlata. Il lui tend la main. Le calme règne à nouveau.

–Viens, Zlata, prends ma main. On va tenir tous les deux mon origami. N’aie pas peur, le tien peut rester sur la table, dans sa cage.

Zlata est calme et retenue. Je ne m’attends pas à ce qu’elle se lève, bien que Yuki ait dit les bons mots, exactement ce qu’il devait dire, ni trop ni trop peu.

–Allez, viens, répète Yuki.

Je sentis que Zlata sentait le calme de Yuki ; il l’irradiait toujours comme ça. Je ressens de la chaleur dans ma poitrine pendant que j’observe comme Zlata se lève et lui prend la main. Ils vont à travers la salle de classe pendant que Yuki, de sa main libre, tient son origami, qui maintenant ressemble à un oiseau qui vole lentement derrière eux. Amir se lève à nouveau et chante sa chanson maintenant à haute voix et la répète encore et encore. Les garçons du fond se joignent à lui. Ils ne sont pas sûrs des mots mais ils le soutiennent en tapant des mains en rythme. Yuki et Zlata continuent. Je m’assieds en silence et observe comme Isabelle se lève et prends l’origami de la table de Zlata dans ses mains. Elle bouge ses mains de haut en bas et la figure de papier s’agite. Elle le fait sur le même rythme, très doucement. Maintenant, plus personne n’est assis. Tous mes seize élèves de cinquième primaire chantent ou dansent. Zlata est encore silencieuse, mais elle ne lâche pas la main de Yuki. Amir chante comme s’il voulait recouvrir sa propre voix. 

–Zlata, on essaie maintenant d’ouvrir la cage ? demande Lea, la voisine de banc de Zlata. 

Sa question fait taire même Amir. Tous les regards sont tournés vers Zlata. Je décide de ne rien dire. Je vais juste observer. Ensuite, Zlata parle d’une voix basse : 

–J’ai ouvert la cage. Mon oiseau a très peur, mais il est heureux que vos oiseaux soient à ses côtés. 

-Est-ce que tous les oiseaux ne devraient pas voler ensemble ? demanda Isabelle. 

Zlata se tait. Ses yeux sont encore plus grands, mais maintenant ils brillent d’une certaine façon. Amir recommence sa mélodie, cette fois doucement, sur un rythme nostalgique. Yuki est toujours à côté de Zlata. Isabelle lui tend la figure de papier. 

–Merci beaucoup, Yuki, dit Zlata en lâchant sa main et en prenant son oiseau de papier jaune d’Isabelle. 

–L’oiseau s’est envolé ! Vous voyez tous comme il vole ? Regardez ! s’exclame Zlata heureuse. Tous les enfants regardent par la fenêtre comme s’ils cherchaient vraiment l’oiseau de Zlata. Je me lève, me place derrière eux et cherche avec eux l’oiseau enfin courageux dans son premier vol. 

Ce fut une belle journée. Nous avons célébré le premier vol d’une petite fille craintive. Oh, comme le premier vol reste dans les souvenirs. Si l’on a le courage de déployer ses ailes, la première tentative est toujours une victoire. Simplement le fait qu’il y ait le courage d’essayer. Le ciel de ma salle de classe était aujourd’hui aussi bruyant que le ciel de ma patrie il a des années. Ce ciel, que je m’étais imaginé alors que je me préparais à mon premier vol. Les oiseaux savaient aujourd’hui ce qu’ils devaient faire. Leurs actions étaient leurs mots, leur langue le mouvement. Les oiseaux volent en volées, et ce n’est que lorsqu’ils décollent ensemble qu’une danse digne de la scène se produit. Pendant quelques instants, un silence digne régna. Il n’y avait pas beaucoup de mots, autant qu’il le fallait. Et pourtant, beaucoup fut dit. Les oiseaux sont gracieux et charmants quand ils volent. Exactement comme mes élèves. Ils ont pris leur envol et je les ai regardés. 

Vediamo cosa dicono le parole.

– Descrivi un uccello in volo. Io stessa sono rimasta sorpresa da un compito a casa per me inaspettato. L’uccello nelle vastità del cielo mi aveva insegnato molto, e mi domando se sia possibile anche per i miei alunni. Negli anni in cui ascoltavo attenta le granate, una bimbetta di cinque anni in una cantina buia e polverosa, mi immaginavo che gli uccelli volando nell’azzurro emettessero quei forti rumori. All’epoca non ci pensavo nemmeno che da quella grande altezza cadessero cose crudeli. 

– Mamma, mamma, li senti? Come volano veloci, non ci riescono in silenzio, si chiamano a vicenda per prepararsi a partire. Posso andare con loro? Per favore mamma. 

– Zorja, volerai con loro, su in alto, così in alto che la luce del sole ti abbaglierà. La vicinanza del sole e il suo calore non ti daranno fastidio. Ce la farai, Zorja mia, un giorno ce la farai. Ora porta pazienza. 

Non avevo paura, fuori mi aspettavano le mie accompagnatrici. Me lo ricordo molto bene. Ero piccola, ma pronta a volare. Non volevo più stare sotto terra, sognavo un nido in alto sulle chiome degli alberi. Ora lo so che tutto ciò era il mio rifugio. E sono contenta che fosse così. Una volta le grida di mia madre coprirono le melodie di accompagnamento degli uccelli. Le grida risuonarono come da una fossa ancora più profonda di quella in cui ci trovavamo. La mia città natale era stata distrutta. Colò a picco insieme a mio padre. Dopo non ho rivisto la mia città per anni, mio padre mai più. 

Nel mio nuovo paese altri uccelli mi avevano accolta. Erano fievoli. Fu amore a prima vista. 

– Zorja, ora vola, apri le tue ali e vola, disse mia madre e abbassò lo sguardo come se non fosse affatto contenta del mio volo. 

I miei alunni sono abbastanza piccoli per sentirsi insicuri davanti a un compito simile ma anche abbastanza grandi per affrontarlo brillantemente. Sono consapevole che oggi i bambini di dieci anni preferiscono più di tutto frasi brevi e semplici, evitando gli aggettivi e le fiorettature. Io, una grande estimatrice del Quartetto alessandrino, non posso ammetterlo. Loro lo sanno e quindi sanno anche che con questo compito a casa sugli uccelli in volo mi sorprenderanno molto. La campanella interrompe i miei pensieri. Nessuno ha altre domande e anche questo giorno di scuola è finito. Resto da sola nell’aula e per un attimo è come se potessi sentire di nuovo il rimbombo degli spari sulla mia città. Ah, che meraviglia è essere un bambino. La mia infanzia è capitata nei tempi migliori. Anziché sentimenti di inquietudine e di paura in una città occupata, ho provato l’emozione di immaginarmi i miei uccelli in una danza celeste. Non ho mai ringraziato mia madre di avermi permesso questi sogni ad occhi aperti. Oggi la chiamo. 

– Zorja, Zorja mia, sempre piena di fantasticherie e desideri. Io devo ringraziarti di essere stata così coraggiosa. Tutte le volte che ti vedevo in questa casa maledetta mi davi la forza di sopravvivere. Oh, Zorja, conservo ancora tutti i tuoi disegni degli uccelli. Mi ricordo ancora il primo giorno d’asilo. Non sapevi una parola di tedesco ma sei comunque riuscita a dire “Mamma uccello” e con il dito hai indicato il cielo. “Uccello vola. Zorja vola”. Il mio cuore si è spezzato ed è guarito nello stesso momento. Sapevo che proprio in quell’istante tu spiccavi il tuo primo volo. Più tardi la maestra mi ha raccontato che quel giorno hai colorato soltanto uccelli e il cielo di un azzurro splendente. Gli altri bambini si erano accorti della tua concentrazione e si erano avvicinati piano piano da te ripetendo la parola uccello. Ti sei ambientata senza accorgertene, dice mia madre e terminiamo la conversazione. 

Mi sono addormentata piangendo.

Una fredda e cupa mattina d’ottobre non spaventa i miei alunni. Sono qui tutti puntuali, pieni di sguardi curiosi. Amo l’autunno, le mattine d’autunno e i primi pensieri dei bambini al mattino. Dicono che hanno tutti dormito tanto, oggi è venerdì e di venerdì son tutti di buon umore. Cominciamo subito con il compito a casa. 

– Gli uccelli sono gli unici vertebrati che riescono a volare. 

– Per volare gli uccelli creano una portanza muovendo le ali e facendo scorrere l’aria sopra le ali. 

– Se fossi un uccello sarei un falco pellegrino. Volano fino a 300 km/h. Peccato non essere un uccello. 

Va bene, ho imparato qualcosa. Non posso dire che il compito non sia stato eseguito. 

– Isabelle, cosa hai da dire sull’uccello che vola?

Isabelle tace. Si alza e indossa le scarpine da ballo. Questa bambina è davvero straordinaria. Mi sono abituata al suo silenzio. Fin dal primo giorno è stata molto parca con le parole, perfino nell’ora di francese, sebbene sia la sua lingua madre. È una ballerina. Si solleva sulle punte dei piedi mentre le mani fluttuano sopra la testa. Il corpo si piega in avanti. Come una piuma al vento comincia ad aprire adagio le braccia e poi ad abbassarle di nuovo mentre salta in diverse direzioni. Sempre più veloce e più veloce corre per l’aula e poi d’un tratto apre le braccia e un sorriso le compare sul viso. Sta volando! Alza la testa, si inginocchia e allunga le braccia verso il soffitto dell’aula. Isabelle è di nuovo atterrata. 

Un fragoroso applauso interrompe il silenzio assoluto. 

– Brava, Isabelle! Brava!

– Brava, Isabelle, dico anch’io, e senza una parola ma con lo stesso sorriso dell’ascesa torna al suo posto.

– Yuki, com’è il tuo uccello? chiedo al bambino all’ultimo banco. È uno di quei bambini che non esagerano con le parole, ma nemmeno le risparmiano. Dice esattamente il necessario. E anche tutto grammaticalmente corretto nonostante provenga dall’altra parte del mondo. Yuki tira fuori una borsa. Dalla borsa prende sedici figure di carta esatte. È la prima volta che porta qui gli origami. Tutte le figure sono di dimensioni e forme diverse. E sono tutte uccelli. Grandi, piccoli, di un colore, variopinti, a macchie e chiarissimi. Alcuni hanno le ali piegate verso l’alto, altri verso il basso. Tutti hanno dei fili con cui li tiene per riprodurre l’illusione del volo. 

– Sono uno per ciascuno, dice e fa un passo indietro dalla cattedra. 

Con un cenno do il permesso al resto della classe di alzarsi e di prendere il proprio uccello di carta. Tutti gli uccelli spariscono. È come se si fossero messi d’accordo, come se ognuno dovesse riceverne uno. Guardo Yuki e rido mentre i miei alunni corrono per l’aula e il trambusto colorato degli uccelli di carta genera un carosello celeste. 

Per evitare situazioni spiacevoli e le critiche degli altri insegnanti, faccio notare agli alunni che è ora di tornare ai loro posti. Restano ancora due uccelli. Senza che io dica nulla, Amir si alza, si piazza accanto a me davanti alla lavagna, si mette le mani sui fianchi e guarda davanti a sé. Regna un silenzio impressionante che lui interrompe col canto:

– Dan je započeo i svjetlo je zasjalo,

ptica je čula odgovor.

Dobro jutro, moja dušo,

ljubav je doživjela svoj trenutak, srce zu srce.

e poi in tedesco:

– Il giorno è spuntato e la luce è comparsa,

  l’uccello ha sentito una risposta.

Buon giorno, anima mia, 

è il momento dell’amore, cuore a cuore. 

– Se è possibile non vorrei rispondere a domande su questa canzone. Dico solo che la cantava mia nonna. Il mio uccello vola da lei per augurarle il buon giorno, dice Amir e ritorna al suo posto. 

Naturalmente rispetto il suo desiderio. Mi ha comunque resa felice che abbia condiviso con noi una parte del suo paese natale. 

Nella prima fila siede Zlata. È arrivata solo da poco e comincia ora a imparare il tedesco. Ci occupiamo di lei, siamo tutti molto attenti e ci adoperiamo affinché si senta la benvenuta. 

– Zlata, com’è fatto il tuo uccello in volo? Vorresti raccontarcelo?

– Nessuno.

– Cosa vuoi dire con nessuno?

– Il mio uccello è in gabbia, non vola.

– Hai provato ad aprire la gabbia? Magari vola.

– Ci ho provato. Non vola.

Resto senza parole. L’uccello dorato non vola. Risento le granate. Non vedo più la mia Me di cinque anni. Vedo una gabbia aperta con un uccello che non esce. Non ci vuole andare nella volta celeste delle granate. Sudo. Non so cosa dire. Non me l’aspettavo. I miei uccelli hanno sempre volato. Perfino dopo le grida di mia madre si sono alzati in volo. Ma Zlata, con i suoi bellissimi occhi neri, ora mi guarda senza batter ciglio e si aspetta che io chiuda la gabbia del suo uccello. No, non posso farlo. Ma cosa dico? Ho sbagliato a dare questo compito? Avrei dovuto saperlo meglio!

Non so se ha notato il mio nervosismo ma Yuki mi salva. Si alza e mette il suo origami accanto a quello di Zlata. Le dà la mano. Di nuovo regna il silenzio. 

– Vieni, Zlata, prendi la mia mano. Teniamo insieme il mio origami. Non aver paura, il tuo può restare sul banco, al sicuro, nella sua gabbia. 

Zlata è tranquilla e riservata. Non mi aspetto che si alzi, anche se Yuki ha detto le parole giuste, proprio quelle che avrebbe dovuto dire, né troppe né troppo poche.

– Dài vieni, ripete Yuki. 

Sento che Zlata ha percepito la calma di Yuki; lui la irradia sempre così. Avverto calore al petto mentre osservo che Zlata si alza e gli prende la mano. Camminano per l’aula mentre Yuki tiene con la mano libera l’origami che ora sembra un uccello che vola adagio dietro a loro. Amir si alza di nuovo e ora canta la canzone ad alta voce e la ripete ancora. I bambini in fondo si uniscono a lui. Non sanno le parole con sicurezza ma lo accompagnano battendo a tempo le mani. Yuki e Zlata continuano a camminare. Mi siedo senza parlare e osservo Isabelle che si alza e prende in mano l’origami dal banco di Zlata. Muove le mani in alto e in basso e la figura di carta dondola. Segue il ritmo, molto dolcemente. Ora nessuno è seduto. Tutti i miei sedici alunni e alunne della quinta cantano o ballano. Zlata è ancora zitta ma non lascia andare la mano di Yuki. Amir canta come se volesse coprire la sua stessa voce. 

– Zlata, ora proviamo ad aprire la gabbia? chiede Lea, la compagna di banco di Zlata. 

La sua domanda ammutolisce perfino Amir. Tutti gli sguardi sono rivolti su Zlata. Decido di non dire niente. Osservo soltanto. Poi Zlata parla a voce bassa:

– Ho aperto la gabbia. Il mio uccello ha tanta paura, ma è felice che i vostri uccelli gli stanno vicino. 

– E gli uccelli volano tutti insieme? chiede Isabelle.

Zlata tace. I suoi occhi sono ancora più grandi, ma adesso hanno un’altra luce. Amir ricomincia con la sua melodia, questa volta piano, in una cadenza nostalgica. Yuki è ancora accanto a Zlata. Isabelle le dà una figura di carta. 

– Grazie mille, Yuki, dice Zlata, gli lascia la mano e prende l’uccello giallo di carta da Isabelle.

– L’uccello è volato! Vedete tutti come vola? Guardate! esclama Zlata con gioia. Tutti i bambini guardano fuori dalla finestra come se cercassero davvero l’uccello di Zlata.

Mi alzo, sto dietro a loro e cerchiamo insieme l’uccello finalmente incoraggiato a volare per la prima volta. 

È stata una bella giornata. Abbiamo festeggiato il primo volo di una bambina impaurita. Oh, come resta impresso il primo volo. Quando si trova il coraggio di aprire le proprie ali, il primo tentativo è sempre una vittoria. Già solo per il fatto che si ha il coraggio di provarci. Oggi il cielo della mia classe era chiassoso come il cielo della mia città natale anni fa. Questo cielo che mi ero immaginata quando mi preparavo per il mio di volo. Oggi gli uccelli sapevano cosa andava fatto. Le loro azioni erano le parole, la lingua il movimento. Gli uccelli volano in stormi e solo quando si alzano insieme, allora sboccia una danza degna d’un palcoscenico. Per alcuni istanti ha regnato un silenzio solenne. Le parole non erano troppe, solo quelle necessarie. E tuttavia è stato detto molto. Aggraziati e affascinanti sono gli uccelli in volo. Proprio come i miei alunni: sono volati via e io li ho seguiti con lo sguardo.